QUAND LE MAILLOT FAISAIT POLÉMIQUE

En 1900, en France et aux Etats-Unis, le maillot de bain des femmes américaines va rétrécir. Les épaules et les genoux dénudés sont beaucoup moins bien acceptés qu’en Europe. Les ligues de vertu américaines voient d’un très mauvais œil ce nouvel engouement balnéaire et ce « laisser aller » vestimentaire. On atteindra l’apogée de l’arsenal répressif américain au début des années 20, quand des policiers et des «juges de plage» seront employés à vérifier que les femmes portent un maillot deux pièces (le maillot une pièce étant exclusivement l’apanage des hommes), et surtout qu’entre le genou et le bas du maillot, il n’y ait pas plus de 15 centimètres (6 inches). Dans le cas contraire, c’était une arrestation sans ménagement sur la plage, un jugement immédiat et la mise en détention.

Certaines se battront contre cette pudibonderie réglementée, et parmi celles-ci, la plus connue d’entre toutes, Annette Kellerman. Nageuse célèbre pour avoir tenté par trois fois la traversée de la Manche à la nage, elle mit sa notoriété au service de ce combat pour l’émancipation des femmes et leur égalité avec les hommes. Sa vie, hors du commun, sera retracée au cinéma dans un film «La première sirène», son rôle étant tenu par une autre nageuse célèbre : Esther Williams.

Aux États-Unis, c’est le cinéma muet qui fera beaucoup pour l’évolution des codes balnéaires. Mack Sennett, un ancien acteur reconverti dans la production cinématographique, va surfer sur la vague de la mode des bains de mer, en créant une troupe de jeunes et jolies baigneuses en folie, qu’il baptisera «Bathing Beauties». Habillées très courts (pour l’époque et pour la justice), dans des tenues excentriques de couleurs claires, les Bathing Beauties vont, de 1915 à 1928, jouer dans de nombreux petits films muets, se passant exclusivement à la plage. Le cinéma parlant et la grande crise de 1929, sonneront le glas de ce genre de cinéma insouciant, et les Bathing Beauties ne seront plus qu’un beau souvenir dans l’histoire du maillot de bain.

Alors les théories fumeuses des donneurs de leçon n'ont pas eu raison et n'ont jamais eu raison et il est peu probable que nous revenions en arrière, qu'on se le dise.

Anonymode

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