JACQUES MOUCLIER

Un peu d'histoire - En 1994, voici ci-dessous ce que déclarait Monsieur Jacques Mouclier, dans un journal national. A l'époque, cet article était passé inaperçu. Aujourd'hui, il prend, toutefois, tout son sens. C'était une vision que personne n'avait, même pas Pierre Berger.

Jacques Mouclier, Ex-président de la Chambre Syndicale de la Haute Couture déclarait : "L'affrontement de deux logiques qui met face à face l'artisan et le financier, la création et le business.

Il y a vingt ans, j'avais autour de la table des entreprises artisanales qui inventaient. Aujourd'hui, j'ai des groupes qui gèrent et veulent des résultats, nous déclare t-il en 1994. Nous n'avons plus les mêmes rapports. Mais, cette évolution, si triste soit-elle, était inévitable. Elle remonte à l'envolée internationale de la mode dans les années 80. L'époque est alors à l'extrême concurrence, à un marché de plus en plus tendu. Les créateurs ont besoin de
fonds. Les financiers, eux, voient dans le luxe une source de profit. Les chiffres d'affaires augmentent de 30 à 40%. On parle alors d'embellie?"

"Les temps ont changé. En deux ans, constate Jacques Mouclier, le chiffre d'affaires a baissé de 15% dans toutes les activités. Les ventes ont chuté sur tous les marchés forts, aux Etats-Unis comme en Italie. Même au Japon, elles dégringolent de 5%. Les consommateurs, y compris les plus aisés, changent de comportement. Ils veulent du raisonnable. La Haute Couture a donc dû revoir à la baisse ses rêves de grandeur. De nouveaux statuts entreront en vigueur dès le 1er janvier 1993. Il fallait au moins 25 employés dans les ateliers pour obtenir le label. Dix seront désormais suffisants. Et, au lieu des 75 modèles réglementaires présentés deux fois par an à la presse, on se contentera de 50 passages.

Si nous n'aidons pas les petites maisons à avoir le label, celui-ci disparaîtra à terme où cela n'aura plus aucun intérêt. Il est déjà très difficile de lutter contre la contrefaçon. Demain, vous ne pourrez pas empêcher les photographes de publier leurs photos sur les nouveaux moyens de communication qui émergent et que notre génération a du mal à comprendre. Notre monde est en mutation et l'internet est probablement un très bon moyen de communication sur les métiers d'art qui demandent à ce que l'on explique la difficulté de réalisation, mais cela sera possible quand les tuyaux de passage des données seront suffisants pour passer des vidéos," m'a comfimé un de mes plus jeunes fils.

"Nous attendrons donc la mutation de notre monde, mais je pense que je ne serai pas là pour voir cela. La chute n'est pas sûre mais probable car mise entre les mains de financiers." Je vous renvoie à la déclaration de Georges Washington sur la prise de votre argent pas les banquiers. Les mêmes problématiques engendrent usuellement les mêmes résultats.

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